Le bon arbre à la bonne place : la théorie d’Alex Shigo
7 avril 2025Dans le domaine de l’arboriculture, peu de principes sont aussi fondamentaux – et aussi souvent négligés – que celui du « bon arbre à la bonne place », théorisé et popularisé par le chercheur en arboriculture Alex Shigo. Sa théorie repose sur une observation simple mais cruciale : la croissance, la santé et la longévité d’un arbre dépendent étroitement de la qualité de l’emplacement choisi pour sa plantation.
Comprendre la théorie d’Alex Shigo
Alex Shigo met en lumière une idée centrale : chaque espèce d’arbre a une propension naturelle à atteindre une certaine taille, forme, et à développer un système racinaire particulier. Dès lors, vouloir contraindre un arbre à un espace qui ne convient pas à ses caractéristiques génétiques revient à le condamner à un dépérissement prématuré.
Selon lui, un arbre qui pousse dans un environnement inadapté devra mobiliser une grande partie de son énergie à compenser des conditions suboptimales (sol trop compact, espace racinaire restreint, ombrage excessif, etc.), au détriment de sa structure et de sa santé globale.
Choisir l’emplacement : une démarche stratégique
Planter un arbre ne se limite donc pas à creuser un trou et insérer une motte. Il faut évaluer l’environnement à long terme, en tenant compte des facteurs suivants :
- L’espace aérien : quelle est la hauteur potentielle de l’arbre à maturité ? Son houppier ne heurtera-t-il pas des fils électriques, une toiture ou d’autres végétaux ?
- L’espace racinaire : certaines espèces nécessitent une large zone de sol meuble et bien drainé. Les racines risquent-elles d’endommager des fondations, ou seront-elles confinées par des obstacles souterrains ?
- L’exposition : lumière, vent, humidité… L’arbre a-t-il besoin de plein soleil ou supporte-t-il l’ombre partielle ? Est-il résistant aux vents dominants ?
- La nature du sol : pH, texture, drainage, fertilité… Correspondent-ils aux exigences spécifiques de l’espèce choisie ?
- Le contexte urbain ou rural : la pollution, la compaction des sols, ou les interactions avec les infrastructures humaines influencent fortement la vitalité des arbres.
Une vision à long terme
Chigo insiste aussi sur la dimension temporelle. Un jeune plant peut sembler adapté aujourd’hui, mais deviendra-t-il un problème dans 20 ans ? À l’inverse, un arbre bien placé pourra vivre cent ans en rendant d’innombrables services écosystémiques (ombrage, captation du carbone, biodiversité…).
Conclusion
Adopter la théorie d’Alex Shigo, c’est abandonner les choix impulsifs ou esthétiques de court terme pour une vision éclairée et durable de la plantation. C’est respecter le potentiel naturel de chaque espèce et l’honorer en lui offrant un lieu de croissance adéquat. Car, en arboriculture comme ailleurs, la réussite commence par une bonne fondation – et cela commence toujours par le bon arbre à la bonne place.